Medusa - 2007
Baudrillard, l’Art Contemporain et les Media Ou Comment l’art contemporain français et européen peut-il survivre Nous vivons aujourd’hui dans l’hyperréalité, dans l’ère de la post société du spectacle de Debord, où les faits fictifs ont en théorie le même poids que les faits réels. Mais uniquement en théorie car ce qui finalement pèse le plus entre une vérité réelle et une vérité de fiction, c’est celle des deux qui est la plus réclamée aux média par le public. En Russie, la théorie qui veut que le World Trade Center ait été détruit par la CIA et Israël a beaucoup plus de succès sur Internet que le fait que ce soit en réalité Al Qaïda qui l’ait fait, et ce malgré la revendication incontestable de cet attentat par la « nébuleuse terroriste ». Donc la nouvelle hyperréalité en Russie, sur ce sujet, c’est que « les Juifs l’ont fait ». Au sein des démocraties occidentales, la plupart des media sont là pour faire vendre des biens au travers de la publicité. Et ce dont ces média ont besoin, c’est d’audience. Donc, ce à quoi on s’est déjà habitué sur Internet, on commence à le voir apparaître à la télévision : Afin de maximiser l’audience entre les écrans publicitaires, les média donnent à leurs cibles l’hyperrealité qu’elles réclament. Les gens savent que les programmes sont truqués, que les matchs de catch et les réality shows sont des pièces de théâtre, et que ce qui est montré comme réel ne l’est pas. Mais c’est tout de même ce à quoi ils veulent croire et c’est donc ce qu’ils veulent voir pour pouvoir mieux y croire. Alors on le leur donne. Baudrillard et Merrin expliquent ça très bien au travers de l’exemple de la chute de la statue de Saddam Hussein lors de la prise de Bagdad par les troupes américaines. La population chiite tout juste libérée avait entrepris sous l’œil des caméras occidentales de faire tomber une grande statue du tyran déchu. Mais comme cette destruction, du fait des faibles moyens de la population, risquait de prendre un temps inadapté au format des bulletins d’informations, les militaires américains furent mis à contribution afin que la statue soit tombée avant que les téléspectateurs lassés n’aient eu le temps d’avoir envie de changer de chaîne. La population bagdadi n’avait pas compris que les exigences des spectateurs occidentaux primaient sur les siennes. Elle a donc été exclue et court-circuitée, évincée par l’armée sous la pression de l’audimat, pour réaliser dans le rythme voulu la chute symbolique attendue.* Alors, quelle est l’influence d’un tel contexte sociétal et médiatique sur la création artistique actuelle? Afin de donner à leur œuvre l’(hyper)existence qu’ils estiment qu’elle mérite, comment les artistes accèdent-ils à l’audience médiatique ? Que doivent-ils faire pour accéder à des programmes télévisuels qui dépendent tant du financement publicitaire ? Les programmes se doivent d’être vendeurs. Et il n’y aucune demande, aucun public pour l’art d’aujourd’hui : personne ne s’intéresse à l’avant-garde. Et donc le seul moyen de passer dans les média est de devenir soit même « vendeur » ou de faire quelque chose de « vendeur », être ce que sur les plateaux TV on appelle aujourd’hui un « bon client ». Quand Jeff Koons enfermait des aspirateurs dans des boites en plexiglas, il ne passait pas à la télé, il était inconnu du grand public, et son travail ne valait pas grand-chose. Puis il a épousé une star européenne du porno, a obtenu instantanément le plus grand accès possible aux média, est devenu célèbre… et la valeur financière de son travail s’est mise à monter en flèche. Est-il un génie du marketing ? Est-il le premier pape des artistes de cette nouvelle ère de l’hyperréalité ? Il y a près d’un siècle Marcel Duchamp inventa les ready-mades a partir de roues de bicyclette et de porte-bouteilles. Pour autant, il n’eu pas de véritable accès à la presse grand public. Puis son ready-made suivant fut un urinoir, il eu instantanément le plus grand accès possible aux média, est devenu célèbre… et la valeur financière de sont travail s’est là aussi mise à monter en flèche. Mais à l’époque, ce type de carrière artistique était une possibilité parmi d’autres. Vous pouviez devenir un grand artiste sans être connu de l’homme de la rue. Nous vivons à présent dans cette ère « post-société du spectacle ». Aujourd’hui l’oeuvre d’un artiste ne peut tout simplement plus exister si elle n’est pas largement médiatisée. Et elle ne sera pas médiatisée si l’artiste lui-même n’est pas surmédiatisé. L’artiste, en tant qu’acteur et metteur en scène de sa propre vie, compte plus pour la « mise en valeur » de l’œuvre que l’œuvre elle-même. Jeff Koons pour faire exister son oeuvre, n’a pas eu d’autre choix que de donner aux masses ce qu’elles réclament au travers des média, et il a épousé en grande pompe la Chicholina… Alors pourquoi y a-t-il si peu d’artistes contemporains français (aucun ?) reconnu internationalement ? (Sur ce sujet de la reconnaissance étrangère, seule la cote de l’artiste est légitime car ni les achats publics ni les récompenses et autres expositions au sein d’institutions nationales étrangères ne peuvent être pris en compte car ils sont surtout le reflet d’actions diplomatiques interétatiques.) Dans ce contexte et bien qu’ils n’en aient pas le choix, pourquoi les artistes français semblent-ils refuser de recourir à la médiatisation ? S’interdisent-ils d’aborder certains sujets ? Le marché de l’art contemporain français est très différent du grand marché anglo-saxon. La cause fondamentale en est simple : Il y a trop peu de collectionneurs en France. Au cours des deux dernières décennies l’Etat n’a rien fait de sérieux pour tenter d’en accroître le nombre. Faisant le choix d’une stratégie différente, l’Etat a tenté de stimuler la création d’une manière plus directe : en subventionnant des ateliers d’artistes, en offrant des postes de professeurs d’arts plastiques, en achetant des œuvres d’arts au travers de ses musées, FRACs, FDACs, etc… Cette politique généreuse adoptée ailleurs en Europe a très bien fonctionné. Aujourd’hui, la France et de nombreux pays européens regorgent d’artistes. Les artistes eux-mêmes s’en plaignent qui doivent se partager une enveloppe de subventions qui n’est pas extensible. En Belgique est même né un collectif d’artiste qui organise des parodies de manifestations dont l’unique slogan est : « Trop d’Artistes » ! Et il y a toujours aussi peu de collectionneurs. En France, quand le premier d’entre eux a proposé de bâtir un grand musée à proximité de Paris, l’administration et certains hommes politiques ont tout fait pour l’en dégoûter et l’envoyer à Venise. La conséquence de cette situation est qu’en France comme chez certains de nos voisins, la plupart des artistes dépendent d’un client incontournable : l’Etat. Et quand un artiste, comme n’importe quel fournisseur, est face à un client en position dominante, les choses tournent rapidement mal pour lui : il perd son indépendance. Cette situation est encore renforcée par le fait que la plupart des grandes galeries françaises sont dans une situation analogue vis-à-vis de l’achat public : Tout juste à l’équilibre avec leurs collectionneurs, elle ne peuvent vivre sans les acquisitions des musées et autres FRACs… Cette situation est responsable du fait que les artistes des pays concernés tendent, consciemment ou non, à créer des œuvres calibrées qui répondent au goût devenu totalitaire de la commande publique, et donc à devenir tous autant d’artistes officiels. Par ailleurs, dans cette nouvelle ère de l’hyperréalité, qu’est-ce qui fait que l’œuvre d’un artiste est reconnue ( et donc achetée par des collectionneurs) internationalement ? Qu’est-ce qu’ont un Andy Wahrol et un Jeff Koons en commun qu’un Daniel Buren ni aucun autre artiste officiel français n’a? Du talent ? Bien sur que non. A mon avis la différence principale réside encore dans l’accès au média. Et pourquoi aucun artiste français ne pourrait être médiatisé ? Ce n’est évidement pas par que cela lui soit interdit, ni parce qu’il préfèrerait rester dans sa tour d’ivoire. Les artistes officiels français passent régulièrement sur les chaînes et les radios publiques. Mais ils ne sortent jamais des espaces spécialisés qui leur sont dévolus, et ils y tiennent uniquement des discours spécialisés. Pourquoi ? Pourquoi est-ce que Jean-Pierre Raynaud, l’archétype de l’artiste officiel français, part pour Cuba et la Corée du Nord pour y faire son show ? Pourquoi pas en France ? Parce que ces artistes sont soumis à la commande publique (dans tous les sens du terme), et parce que les politiciens ont eux depuis longtemps pris connaissance et parfaitement intégré les idées de Debord sur la « société du spectacle ». Tous les politiciens de nos démocraties occidentales savent qu’imprimer sa marque dans le monde réel peut vous coûter une élection quand il est beaucoup rentable et plus facile d’être réélu en animant un show médiatique à temps complet. La bataille que se livrent droite et gauche n’as plus lieu sur le terrain de l’action mais dans les média. Et les politiciens qui la livrent pensent qu’ils ont assez à faire avec les porte-parole de l’extrême gauche et de l’extrême droite pour tolérer en plus sur leur terrain de jeu la présence d’artistes déballant un point de vue personnel et divergeant sur la société. Tout artiste bénéficiant de fonds publics, du plus grand, payé des centaines de milliers d’euros pour une sculpture, jusqu’au plus humble qui attend chaque mois après ses 400 euros de salaire comme prof d’art plastique, sait cela, reste tranquille, se tait et attend patiemment son chèque…C’est le coté sombre du généreux système d’exception culturelle que la France défend comme modèle Européen face à l’hégémonie américaine. Mais en renonçant à la médiatisation, les artistes européens de l’ère de l’hyperréalité devront également renoncer à l’ambition légitime de laisser une trace. C’est pourquoi, en tant que jeune artiste naïf, ambitieux et encore indépendant (pour combien de temps ?), je pense qu’il est possible et utile de résister. Si certains artistes français imaginent qu’ils se comportent en rebelles en allant à Cuba ou en Corée du Nord jouer les faire-valoir de dictateur, je pense qu’il est possible de rester en France et de soustraire la grande masse des artistes de sa servitude volontaire en montrant l’exemple d’une création et d’une parole libre. J’ai ainsi réalisé récemment une œuvre vidéo interrogeant par un effet miroir les rapports parallèles entre vidéo et islamisme d’un côté, et islam et abstraction en art de l’autre.2006, est également l’année de ma première mise en œuvre de la campagne JPR. J’avais créé 10 affiches différentes. La moitié d’entre elles singeait les slogans vides et ambivalents que les politiciens français nous offrent tous les jours à la télévision sans jamais mettre en oeuvre quoi que ce soit qui risquerait de les pousser vers la sortie. L’autre moitié s’adressait aux artistes eux-mêmes : En les décrivant tels qu’ils sont, mes affichent les aidaient à se confronter au miroir, et espérons le, à réagir. J’ai montré ces affiches dans de nombreux salons où je n’étais d’ailleurs pas toujours invité, mais aussi dans les rues de Paris, du Mans, de Nîmes ou de Sète. Les réactions étaient parfois amusées et parfois agressives. Une des réactions les plus intéressante émane de l’actuel Délégué aux Arts Plastiques, Olivier Kaeppelin, qui, à propos de mon travail découvert à l’occasion d’un salon me dit « continuez à pisser sur l’Institution, elle finira par acheter ». Les chiens aboient et la caravane de l’hyperréalité étatique passe…et recycle au passage tout ce qui dérange en art officiel. D’où l’importance de ne pas limiter l’expression artistique aux espaces de médiation qui lui sont dévolus mais de s’employer également à porter le sens au cœur du jeu médiatique, quitte, sans rien céder sur le fond, à donner pour cela aux média la forme qu’ils réclament pour leurs publics. Arnaud Cohen, 2007. * William Merrin. Baudrillard and the Media. London: Polity Press, 2005.
* William Merrin. Baudrillard and the Media. London: Polity Press, 2005.
Medusa - 2007
We now live in hyperreality, the post Debord “société du spectacle” era, where facts and fantasy theoricaly all weight the same. But only theoricaly, because in fact what weights the most, fake or real, is what gets the biggest demand from the media supply . In Russia, the theory that says that the CIA and Israel are behind the twin towers’ destruction has more success on the internet than the fact that Al Qaïda actualy did it, even though even Al Qaïda has claimed responsibility for it. So the new hyperreality in Russia is that the jews did it. In western democratic countries, most media are here to sell goods though advertising. And what these media need is audience. So what you have been used to see on the internet, you now begin to see on television worldwide : In order to have the public watch commercials, the media will give them the hyperreality they want most. People know that the wrestling games, the reality shows and even the news are fixed but they still want to believe it’s real. And they want to see it all on TV because then it is easear to believe in it. Baudrillard and Merrin explain this very well through the example of the fall down of Saddam Hussein’s statue: “when it became clear that they (the Iraqi people) could not quickly pull the statue down, the American military stepped in to finish the job. The Iraqis did not understand the primacy of the western audience, the time constraints of even of rolling news, and the networks' fear of a drifting audience and their need to deliver that “Kennedy” moment (“where were you?” ... “watching television”). So the Iraqis were excluded from this act, in an implosion of media and military with the event that neutralized and short-circuited the people's efforts, replacing them with that demanded, semiotic image of the statue's fall.”* So, how does this situation act upon today’s art creation? In order to give their work (hyper)existance how do artists get access to the media market. What do they have to do to get access to TV programs which depend so much on advertising? Programs must sell. And there is no audience for contemporary art, people just don’t buy avant garde. So the only way to get access is to become someone that sells or do something that sells. When Jeff Koons put Hoovers in Plexiglas boxes, he got no access, nobody knew him, his work was almost worthless. Then he married a European porn star, got immediate media access, became famous … and the financial value of his work skyrocketed. Is he a marketing genius? Is he the first art pope of this new hyperreality era?Almost a century ago, Marcel Duchamp created the first ready-mades, using bicycle wheels, and bottle-drainers. No serious access to the press. Then his next ready-made was a urinal, he got immediate access to the press, became famous … and the financial value of his work skyrocketed too. But at that time, this kind of artistic career still was an option : You could become a great artist without being known by the man in the street. We now live in this post “société du spectacle” era, and today, an artist’s work simply won’t exist if it is not largely publicized. And it won’t be publicized if the artist himself is not largely publicized, the artist, as a showman, counting more than his work in itself. In order to have his work exist, Jeff Koons had no choice but to give the media what they want, so he had a huge society wedding with la Chicholina...So why are there so few internationally renowned French contemporary artists? Though they have no choice, why does it seem that French artists refuse to get media access? Are there subjects they will never dare talk about? The contemporary art market in France is very different from the large anglosaxon one. The basic cause relies on this simple fact: French Art collectors are very few. For the last two decades, the state has not seriously tried to increase the number of collectors. Choosing a different strategy, the State has tried to stimulate artists’ creation in a more direct way: financing artists’ studios, giving artists schoolteacher positions, buying art pieces through museums or dedicated local, regional and national agencies. This very generous policy, followed also in some other European countries, worked very well. France and othres are now overflowing with artists. They artiste themselves complain about it because they have to share State subsidies which are not extensible. In Belgium, a group of artiste has even organized fake demonstrations putting forward this only claim : “To Many Artists”! And there are still very few collectors. And when in France the biggest of them offered to build a great museum near Paris, bureaucracy and some politicians made their best to disgust him and send him to Venice, Italy. The consequence of this situation is that most prominent artists from France or a neighbouring country depend on one main client: the State. And when an artist, like any other producer, has to face a client in a dominating position, things rapidly turn bad for him: he looses his independence. This situation is strengthened by the fact that most big French art galleries are in the same position regarding these state owned funds and museums. This is the main reason why many artists from theese European countries tend to become or wishe to become artists producing exactly what the state owned art funds like and wish to buy, i.e. wishe to become “artistes officiels”. And in this new hyperreality era, what makes an artist sell internationally? What is it Andy Warhol and Jeff Koons have in common that no contemporary French artist has? Talent? Of course not. In my opinion, the main difference is again Mass media access. And why won’t a French artist be on television? Is it because it is forbidden? No. Is it because French artists live in their ivory tower, having very little to say about our society and the world? Absolutly not. The french “artistes officiels” are regularly an air on the french state owned TV and radio channels. But only on specialized shows, answering questions on specialized subjets. But then, why does a French typical “artiste officiel” like Jean-Pierre Raynaud goes to Cuba and North Korea to “run his show”? Why not in France? Because theese artists are subject to State ordering (in every way) and because politicians know that it is easier to be re-elected by running a fulltime show on television than by making decisions. It’s been a long time since They have known and adopted Debors’“société du spectacle” theory for a long time. Where implementing something in the real world can cost you an election, a good performance on TV always pays off. The domestic fight between left and right is no more in the field, it’s only in the Media. And theses politicians think they have enough to do with far right and far left speakers to tolerate artists on their playground, talking about their personal and different opinion on society. Every State finaced artist, from the biggest, paid hundreds of thousand euros by the State for a sculpture, to the smallest, waiting for his monthly 400 euro salary as a high school art teacher knows that and stays quiet, mouth shut, patiently waiting for is cheque…This is the dark side of the generous cultural exception system France wants to see adopted in the EU in order to resist the American cultural domination. But by refusing mediatisation, the hyperreality era European artists will also have to give up the legitimate ambition of leaving a mark.This is why I, as a young, naif, ambitious and still independent (for how long?) artist, think it is still possible and usefull to resist. If some French artists think they act as rebels going to Cuba or North Korea to play the dictator's pet, I think it is possible to stay in France and liberate artists from their voluntary slavery by giving them the example of a truly free meaningful artistic work. I have recently done a video questionning through a miroring effect the paralel and conflictual relationship I see between, on one side videoart and islamism, and on the other side, islam and abstraction in art. 2006 is also the year I launched the JPR Campaign for the first time : I created 10 different posters. Half of them were mocking empty political mottos like those French politicians offer us on TV every day to stay in power without implementing anything that may sway them out. The other half were addressing the French artists. Describing them as they are, my posters helped them face the mirror, and, hopingly, react. I have shown these posters in many art shows (invited or not) but also in the streets of Paris, Le Mans, Sêtes or Nîmes. Sometimes the reactions were amused, and sometimes they were very aggressive. One of the most interesting reaction came from the French secretary for plastic arts who told me as he was discovering my work in a parisian artshow: “Keep on spitting on the State; it will end buying your work!” The dogs bark and the State hyperreality caravan passes by… and recycles anything disturbing into official art. This is a strong reason why French artists, like others, should not limit their artistic expression to specialized and dedicated places, but should also be eager to spread their word through the media, even if, without betraying the content of their artistic message, they might have to give to the media the form the public wants. Arnaud Cohen 2007
* William Merrin. Baudrillard and the Media. London: Polity Press, 2005.